Comme un con apprenti, je mérite bien le A de « apprenti » que je viens de coller sur ma caisse … Je me retrouve sans mes chevaux avec comme seul bagage mon porte-carte et mon appareil photo. Ben oui, mes deux potes (?) viennent de se tirer au grand galop et je les suis à la trace histoire de les retrouver très vite avant qu’ils n’atteignent la grande route et qu’ils ne fassent des dégâts. Ou se fassent massacrer. Là, autant parler clairement … j’suis dans la merde.
Revenons à ce samedi 11 septembre (pour la date je ne l’ai pas fait exprès!) le matin à Viry (39). Je n’avais pas trop envie de me lever, le gîte doit être trop accueillant, je n’ai pas envie de le quitter (chez Claire Colomb et Dominique, au Préverdet à 39360 Viry O6 79 15 81 89 ou 03 84 41 10 06 … je vous le conseille vivement). De plus la veille j’étais encore lové dans une délicieuse parenthèse chez ma douce Brigitte et là je traine un peu …
Finalement la bougeotte revient. Adieu à mes hôtes adorables, Dominique m’a offert beaucoup de confiance dans ces confidences, les larmes ne sont pas loin. Le soleil a l’air au rendez-vous, grand beau mais pas trop chaud. La météo idéale. Les chevaux ont pratiquement oublié leurs blessures de harnachement, ils ont une belle envie de se secouer alors hop c’est parti! Shakti sellée, Gamino bâté, les deux veulent en découdre! Paysages magnifiques, rythme soutenu, chemin facile à trouver … Je profite de la gentillesse de Gamino et ne l’attache pas, je marche à pied: je ne veux pas trop solliciter le dos encore fragile de la Miss. Une heure trente de très grand plaisir!
Méritent bien de brouter un moment. J’avise une petite plaque d’herbe et lâche aussi les rênes de Shakti. L’erreur! Elle s’éloigne … l’air de rien … pendant que je consulte ma carte. Je finis par me dire que p’têtre faudrait que je ne la laisse pas trop prendre de distance … je me dirige vers elle … elle s’éloigne encore mais en accélérant le pas … Deuxième erreur: j’en fais autant … j’aurais dû m’arrêter net voire reculer, souvent dans ce cas les chevaux en font alors autant … et il s’en suit une course poursuite-panique où je n’avais aucune chance de gagner ! La suite s’enchaîne fort naturellement: Gamino nous voyant se dit … -« ben y a pas de raison que je n’en fasse pas autant » … et je n’ai pas pu l’arrêter non plus, juste les regarder filer au grand galop en descente. Avec mes bagages qui se prennent pour les ailes de mes deux Pégase improvisés tant ils battent sur les côtés.
Ouuuh, là je suis dans la …… Pourvu qu’ils s’arrêtent dans la belle prairie que j’avais repéré il y a peu de temps … Non, ils n’y sont pas, je continue, déjà un bon quart d’heure que je marche … accompagné de mon porte-carte et de mon appareil photo. Pas terrible pour me réconforter!
Ooooh noooon! catastrophe, une de mes caisses de bât gît là au bord du chemin, elle ne bouge plus, pitoyable, le couvercle défoncée, souillée de terre et de feuille. Elle respire encore un peu … gémit. Les traces me montrent qu’ils sont toujours au galop. Un peu plus loin, ma tente, moribonde, tout aussi lamentable attend que je vienne la prendre et la rassurer. Je cache les deux rescapés et enregistre méticuleusement des repères … histoire de les retrouver quand je reviendrai. Et j’imagine avec une grosse angoisse, mon autre caisse déséquilibrée emplie d’ordinateur et autres aides précieuses et fragiles en train de battre sous le ventre de Gamino, martelée par ses quatre massues en colères que sont les jambes propulsant la panique de mon bel animal.
Je continue, toujours rien, qu’elle est longue cette route forestière, qu’elles sont peu nombreuses les traces de mes deux zouaves … Les impacts des pointes au tungstène de leurs fers sont impressionnantes sur le macadam, même si loin – nous sommes déjà à plus d’un kilomètre de leur coup de folie – ils sont donc encore au galop! Pourvu qu’ils trouvent une herbe suffisamment aguichante pour qu’ils arrêtent leur course avant de traverser la grande route.
Une voiture jaune apparaît et me fait des appels de phare, y aurait-il du nouveau ? «-C’est à vous le cheval blanc qui a des valises sur le dos près de la grande route ? » deux hommes au fort accent portugais m’interpellent, ils ont l’air inquiet! -«Oui, c’est mon cheval, mais il y en a deux! » – »non, non il est seul, venez on vous emmène! » Enfin une petite lumière. Encore que d’apprendre que les paniqués se sont séparés ne me réjouit pas vraiment … Ces deux cueilleurs de champignons (professionnels qui revendent leur cueillette au Portugal) ont tout arrêté pour m’aider. Début de soulagement: je me sens moins seul dans cette galère. – »Allez lentement que je voie s’il y a des traces … ou des bouts d’ordinateur …”
Quand soudain :- »stooop, c’est Gamino! » Il est dans un petit sentier de traverse, immobile, presque caché, heureusement que je l’ai aperçu. – »Heuuuu, salut patron! Content de te voir! Tu me délivres ? Me dit-il penaud mais pas vraiment inquiet, T’as vu je n’ai perdu qu’une caisse! M’enfin l’autre elle m’encombre pas mal, j’en ai marre de courir avec c’truc qui me fait mal aux jambes! » Vite, le libérer, planquer le matériel, relever la position et continuer. Je garde Gamino en main, explique un peu à mes deux cueilleurs comment conduire un cheval et ils continuent seuls leur recherches. Une autre voiture arrive, c’est le 4×4 de Dom’. Alerté par une voiture sur la grande route. Une autre lumière – »mais Claude, où est Shakti? » – »ben … je serai heureux de te répondre! Je suis à peu près sûr qu’elle cherche à rentrer au pré où elle vient de passer 8 jours de paix! ” Arrive la traversée redoutée, ouuuf: pas de pompiers, ni gendarmes ou attroupement, si elle est passée, c’est sans encombre. Ouuui, je retrouve une trace toute timide dans le sol sec: maintenant je confirme qu’elle retourne au gîte mais surtout qu’il y a beaucoup moins de danger.
J’ai toujours Gamino en main, et Dominique prend le chemin que j’avais pris ce matin mais dans le sens inverse. Deux cavalières l’accompagnent. Je monte Gamino à cru, j’ai laissé tout son barda dans un buisson. Gamino s’en donne à coeur joie pour rentrer, je me prends aussi quelques miettes de plaisir! La ferme est en vue … et, et, ouuui!!! : Shakti est là dans les bras des deux charmantes cavalières. Trempée, sur l’oeil, pas vraiment zen, mais entière et sans blessure apparente. Tout le matos est dans le 4×4, là, apparemment pas de dégât.
Zut, Gamino saigne d’un paturon, je vérifie, c’est superficiel. Ouuuf, pas de blessure grave.
Reste plus qu’à chercher mon fourbi.
J’ai pu le retrouver sans problème mais aussi retrouver les deux hommes qui continuaient à chercher Shakti, les rassurer et surtout les remercier.
Bilan: un paturon écorché, une caisse bien amochée, des lunettes décollée, une selle bien décousue et bien d’autres mais aucun problème côté ordi!J’avais même quatre oeufs frais … qui sont restés entiers! Près de deux jours de réparations quand même … Par contre … une amitié naissante qui se confirme. Immense merci encore et encore à vous Claire et Dominique qui n’avez pas hésité une seconde pour foncer et m’aider. Dominique a consacré presque toute sa journée à faciliter mon travail!
Dernière chose importante: Ce soir, Dominique, Claire, vous venez avec moi? Je vous invite au restau, on va fêter la bonne fin de ce qui aurait pu facilement tourner au drame!
#1 par Laurence FUHRER-SYDA à 17 septembre 2010 - 22 h 24 min
Citation
Eh ben ! heureusement que tout ç’est bien finie, sacré chenapands ! Ils avaient sans doute envie de se lacher eux aussi !!!!!
#2 par marie laurence à 18 septembre 2010 - 9 h 15 min
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Parole de chevaux:
Aïe !!! Qu’est ce qui me fait mal comme ça ,quand je galope ???
Réponse du berger :
ça fait mal le tungstène sur le macadam?? !!!!;-((
#3 par martine vlaemynck à 18 septembre 2010 - 14 h 31 min
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Que d’aventures !!!!!!! ils avaient besoin d’aller se lover eux aussi très certainement, n’est-ce pas… Du coup c’est raté pour eux, pas moyen de te lâcher.. Donne le bonjour à Brigitte ( et bon anniversaire a elle en retard )..
Ah oui , j’oubliais on a passé un p’tit week-end dans le Jura (Près de St Claude) et c’est les woofeurs qui ont assurés le remplacement. POur un peu on aurait pu se voir.
Martine et Guy
#4 par Olivier33 à 18 septembre 2010 - 16 h 40 min
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Et ben non de Zeus, pour une mésaventure ou aventure (à chacun de choisir le terme approprié) ce n’est pas de la demi-mesure !
J’imagine sans peine le grand et long moment de solitude.
Heureusement, tout est bien qui finit bien et la leçon à retenir, c’est de n’accorder qu’une moitié de confiance à ces fidèles destriers.
Lors d’une rando avec un âne de bât, la même mésaventure nous est arrivée mais en plus limitée puisque notre grandes oreilles après avoir rejoint la route avait bifurqué dans une route adjacente et s’était réfugié dans un jardin ou avec l’aide du propriétaire, nous avions réussi à le coincer. Depuis, je me méfie toujours !…
Bonne route
Olivier
#5 par sylvie démésy à 18 septembre 2010 - 19 h 54 min
Citation
bonjour Claude ,
ouh ! la la ! quelle trouille tu as du avoir pour tes compagnons !
de vrais polissons!…heureusement que ça à bien fini…j’ose à peine imaginer ton angoisse…
je te souhaite une bonne route, moins mouvementée !
à+…
#6 par Nicole à 21 septembre 2010 - 10 h 03 min
Citation
une petite poésie
Chevaux vous êtes mes frères
vous me rendez fière
je monte sur votre dos
et nous partons au galop
dans les prairies
nous sommes en parfaite harmonie
tous les matins je vient vous retrouver
et vous êtes content de me parler
vous me dites tout bas vos secrets
je vous donne tout mon amour
et je vous promet qu’à jamais
je vous respecterais…
et plus jamais je vous lâcherais
et hop là
très bonne route nous sommes avec toi
Nicole
#7 par bontemps à 21 septembre 2010 - 12 h 46 min
Citation
coucou toi
j’espere que tu vas bien et tes petits anges aussi
c’est vrai que ça à été une sacrée aventure surtout heureuse de retrouver ta shakti qu’elle bonheur quand je l’aie vu cachée dans le bois la coquine ce matin on a mis les poulinieres où étaient tes doudous une petite pensée pour toi du coup
gros bisous claude à tous les trois
#8 par Anne et Cat à 25 septembre 2010 - 18 h 38 min
Citation
C’est une aventure qui aurait pu arriver à tout le monde et très mal finir. Heureusement qu’il y a finalement eu plus de peur que de mal.
Bonne soirée.
Cat
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#9 par Bernie à 19 octobre 2010 - 13 h 04 min
Citation
Je suis une amie et presque voisine (3 kms) de Claire et Dominique de Viry. Ils m’ont prêté votre livre en me racontant votre aventure et depuis je voyage avec vous.
J’ai une grande jument croisée comtois de 19 ans déjà, (achetée chez Claire a 1an et demi) que je monte et attelle.
Je fais quelques fois des petites randos mais à pieds en évitant les gites pour dormir à la belle étoile et bivouaquer. J’ai rêvé pendant trop longtemps de partir à cheval et me suis finalement contentée de mes pieds qui marchent bien aussi et sont plus faciles à satisfaire.
Sans doute la liberté est-elle une chimère que certains d’entre nous poursuivent jusqu’a leur dernier souffle.
Vos livres sont remplis de visages, de sourires, de tables, de feux, de vent, de soleil… Ils sont vivants! Bravo!
Poursuivez votre route, aucune ne sera plus belle!